
Par Karim pour BettBeat Media, le 20 novembre 2025
Le vote de lundi n'était pas qu'une trahison envers la Palestine, c'était une déclaration de guerre contre tous ceux qui croient en la dignité humaine. Le Conseil de sécurité nous a montré clairement qui il est.
Les masques tombent enfin. Le 17 novembre 2025, le Conseil de sécurité de l'ONU a commis ce qui s'avère être l'un des actes de trahison institutionnelle les plus scandaleux de l'histoire de l'humanité. Par un vote de 13 voix contre 0 et deux abstentions, l'organe créé pour prévenir le génocide a officiellement remis le contrôle des survivants de Gaza - dont des dizaines de milliers d'enfants orphelins - aux exterminateurs.
Rien à voir avec la diplomatie. Ni de compromis. C'est la solution finale de l'élite mondiale au problème palestinien : transformer les victimes du génocide en esclaves de leurs bourreaux.
La résolution présentée comme le "plan de paix" de Donald Trump renverse tous les principes censés régir le droit international. Elle place Gaza sous le contrôle d'un "Conseil de paix" dirigé par Donald Trump lui-même, le même Trump qui a transféré l'ambassade américaine à Jérusalem, supprimé l'aide aux réfugiés palestiniens et donné carte blanche à Netanyahu pour procéder à un nettoyage ethnique. Ce conseil doit "coordonner" ses initiatives avec Israël, l'État génocidaire, pour gouverner le peuple qu'il a passé deux ans à tenter d'exterminer.
Relisez bien. Les victimes doivent être désarmées. Les auteurs, eux, continuent à l'être jusqu'aux dents.
Le calendrier ajoute à l'obscénité. Pendant deux ans, alors qu'Israël perpétrait un génocide à Gaza, le Conseil de sécurité n'a pas bougé. Mois après mois, alors que le nombre de morts se chiffrait en centaines de milliers, que des familles entières étaient rayées de la carte, que les hôpitaux et les écoles étaient pulvérisés, que des otages palestiniens étaient violés sous l'œil des caméras, que la famine était utilisée comme une arme contre deux millions de personnes, le Conseil n'a pris aucune mesure. Le veto américain, utilisé de manière réflexive, éhontée et répétée, a garanti l'impuissance institutionnelle face au massacre de masse. Les résolutions en faveur d'un cessez-le-feu ont été bloquées. Les mesures de responsabilisation ont été supprimées. Les civils n'ont pas été protégés.
L'inaction est devenue la caractéristique principale du Conseil, preuve de son inutilité et d'une corruption généralisée. Et puis, enfin, après deux ans de paralysie, après d'innombrables appels lancés par les organisations humanitaires et les experts en droits humains, tandis que la Cour internationale de justice prenait des mesures provisoires estimant le génocide plausible, le Conseil de sécurité a fini par agir. Mais pas pour mettre fin au génocide. Ni pour protéger les victimes. Pas plus pour demander des comptes aux coupables.
Il les a récompensés.
La première mesure substantielle prise par le Conseil de sécurité en réponse au génocide à Gaza a été de confier le contrôle des survivants aux responsables de leur extermination. Ce n'est pas un échec. C'est de la collaboration.
Le détail le plus révoltant se cache peut-être parmi les clauses de cet accord : le sort des enfants de Gaza. Les bombes américaines larguées par l'armée israélienne ont fait des dizaines, voire des centaines de milliers d'orphelins palestiniens. Ces enfants traumatisés et sans défense vont désormais être placés sous le contrôle administratif de la même caste de milliardaires prédateurs qui ont voyagé à bord du "Lolita Express" de Jeffrey Epstein. Les orphelins de Gaza sont sur le point de devenir du bétail humain sur le marché mondial de la souffrance contrôlé par l'élite.
Anatomie d'une trahison
Craig Mokhiber, ancien responsable des droits de l'homme à l'ONU, qui a démissionné pour protester contre la complicité de l'organisation dans le génocide, a révélé l'ampleur de cette trahison dans une analyse accablante . Il a notamment souligné que le Conseil de sécurité n'a pas seulement échoué à mettre fin au génocide, mais qu'il l'at également récompensé. La résolution prive les Palestiniens de leur droit à l'autodétermination, désarme les victimes tandis que les coupables restent armés jusqu'aux dents, et instaure une administration coloniale dirigée par les États-Unis et Israël.
Mais l'aspect le plus flagrant de cette trahison vient moins de ce que les puissances occidentales ont commis que de ce qu'elles n'ont pas entrepris : car nous ne pouvions rien attendre de mieux des architectes du capitalisme mondial et de l'impérialisme. La véritable abomination réside dans l'inaction de la Russie et de la Chine. Bien qu'elles aient formulé des critiques acerbes sur le caractère colonial de la résolution et reconnu sa violation du droit international, les deux nations ont choisi de s'abstenir plutôt que d'y opposer leur veto.
Cette abstention révèle la grande supercherie de notre temps : l'absence d'opposition significative à l'impérialisme occidental de la part des grandes puissances mondiales. Tout au plus, une concurrence pour le droit d'exploiter et d'opprimer. La Russie et la Chine, malgré leur rhétorique sur la multipolarité et l'antimpérialisme, servent en fin de compte le même dieu que leurs prétendus adversaires vénèrent - le dieu incarnant l'accumulation du capital et du pouvoir étatique.
Lundi, l'élite mondiale a ainsi démontré son unité. Lorsqu'il a fallu choisir entre les enfants palestiniens et les intérêts géopolitiques, toutes les grandes puissances ont choisi leurs seuls intérêts. Elles peuvent s'affronter pour les marchés et les ressources, mais elles s'engagent sans réserve à maintenir un ordre mondial où richesse et pouvoir les placent au-dessus de la loi, de l'éthique et de la décence humaine.
Voilà pourquoi l'extermination de la Palestine a toujours été un projet mondial. Ce à quoi nous assistons, comme je l'ai déjà écrit, n'est pas qu'un génocide perpétré par Israël, c'est un génocide mondial contre les Palestiniens, perpétré par tous les acteurs de la structure du pouvoir impérialiste.
Lorsqu'il a fallu choisir entre les enfants palestiniens et les intérêts géopolitiques, toutes les grandes puissances ont choisi leurs seuls intérêts.
La guerre des classes
Cette trahison brise l'illusion au cœur de tant de mouvements progressistes de la dernière décennie : la conviction d'assister à une lutte entre les nations plutôt qu'entre les classes. Nous avons placé nos espoirs dans les BRICS, les pays du Sud et l'émergence d'un monde multipolaire capable de remettre en cause l'hégémonie occidentale.
Le vote de lundi a révélé la naïveté pathétique de cette vision du monde. Il n'y a aucune différence significative entre les milliardaires occidentaux et ceux du Sud, entre les criminels de guerre américains et russes. Ils sont tous membres de cette même élite mondiale et, lorsque leurs intérêts fondamentaux sont menacés, ils font bloc contre le reste de l'humanité.
La cause palestinienne a révélé la faillite morale des puissants de ce monde. Elle expose les impostures et contraint chaque gouvernement, chaque institution, chaque dirigeant à choisir entre justice et complicité. Le vote de lundi en était le test ultime, et toutes les grandes puissances ont lamentablement échoué.
La Russie et la Chine avaient le pouvoir de mettre fin à cette atrocité par un simple veto. Mais elles ont préféré donner la priorité aux négociations avec les États-Unis sur l'Ukraine et aux accords commerciaux plutôt qu'à la vie des enfants palestiniens.
La connexion Epstein
Le contrôle de Gaza par les États-Unis a des implications terrifiantes pour toute personne dotée d'un brin de conscience. La même classe de milliardaires prédateurs qui ont facilité et participé au réseau de trafic d'enfants de Jeffrey Epstein va désormais exercer une autorité administrative sur des dizaines, voire des centaines de milliers d'enfants palestiniens orphelins.
Ce n'est ni une exagération ni une théorie du complot, mais la conséquence logique du contrôle d'enfants vulnérables par un système qui hisse systématiquement les prédateurs sexuels vers les plus hautes sphères du pouvoir. Les prédispositions psychologiques qui permettent aux milliardaires de détruire des économies entières pour le profit Les prédispositions psychologiques qui incitent les milliardaires à détruire des économies entières pour leur propre profit - absence totale d'empathie, déshumanisation totale des autres, cruauté sans limite au service de leur plaisir personnel - sont aussi celles qui poussent à la prédation sexuelle sur les enfants.
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Le réseau d'Epstein n'était pas une aberration du système capitaliste, mais son expression la plus parfaite. Les hommes qui violaient des enfants sur son île pillaient simultanément des économies entières grâce à leurs mécanismes financiers. La même capacité de déshumanisation qui les amène à percevoir les enfants comme des marchandises sexuelles les pousse aussi à traiter les salariés comme des ressources jetables et les populations en général comme des dommages collatéraux acceptables dans leur course au profit.
Aujourd'hui, ces prédateurs ou leurs héritiers idéologiques vont contrôler la vie et le destin des enfants les plus vulnérables de Gaza. La "force de stabilisation" qu'ils prévoient de déployer ne sera pas un instrument de maintien de la paix, mais un moyen d'exploiter, de trafiquer et de consommer les survivants du génocide.
"Dans sa lettre de démission en 2023, Craig Mokhiber mettait en garde contre la complicité de l'ONU dans le génocide par son inaction. Le vote de lundi a prouvé que cette complicité s'est transformée en participation active".
Le râle d'agonie des Nations unies
La résolution de lundi marque la mort effective de l'ONU, devenue l'instrument de l'oppression au service des élites. Pendant 80 ans, l'ONU a toujours prétendu servir les aspirations les plus élevées de l'humanité. Cette prétention vient de mourir à Gaza, victime des mêmes puissances qui se sont acharnées sur les enfants palestiniens pendant deux ans.
L'organisation, censée prévenir un autre Holocauste, a désormais officiellement cautionné un génocide en cours. L'organisme qui prétend faire respecter le droit international a ouvertement violé tous les principes de droits humains et d'autodétermination. L'institution qui prétend protéger les plus vulnérables a livré des enfants à leurs prédateurs.
Cet échec ne concerne pas la réforme, mais le système lui-même. L'ONU a enfin révélé sa véritable intention : légitimer les atrocités plutôt que les combattre, pourvu qu'elles servent les intérêts des élites. Elle ne protège pas les plus vulnérables, mais les livre à leurs oppresseurs. Elle ne se soucie pas de faire respecter la justice, mais de fournir un cadre juridique aux crimes les plus ignobles.
Dans sa lettre de démission de 2023, Craig Mokhiber mettait en garde contre la complicité de l'ONU dans le génocide par son inaction. Le vote de lundi a prouvé que cette complicité s'est transformée en participation active. Le Conseil de sécurité n'a pas seulement échoué à mettre fin au génocide, il est devenu l'instrument du génocide, usant de son autorité supposée pour récompenser les auteurs et persécuter les victimes.
Le mythe trompeur de l'opposition
La tragédie du vote de lundi ne se limite pas à ses conséquences pour les Palestiniens, même si elle devrait suffire à déclencher l'indignation et la mobilisation mondiales. La plus grande tragédie révèle l'absence absolue de toute opposition significative aux fléaux qui détruisent notre monde.
Des millions de personnes ont pendant des années misé sur l'essor des pays du BRICS ou sur le défi que la Russie et les pays du Sud auraient pu lancer à l'hégémonie occidentale. Nous nous sommes convaincus que, quelque part, de puissantes forces œuvraient en faveur de la justice, des droits humains et de la dignité des peuples opprimés.
Le vote de lundi a anéanti cette illusion à jamais. Quand est venu le moment de choisir entre les enfants palestiniens et leurs propres intérêts mercantiles, toutes les grandes puissances ont choisi leurs seuls intérêts. Confrontées à l'épreuve ultime de leurs principes supposés, elles ont toutes révélé l'absence de fondement véritable desdits principes. Confrontées à l'épreuve ultime de leurs principes revendiqués, elles ont fini par révéler leur nature purement propagandiste.
Ne parlons pas de l'échec de la diplomatie ou de la faillite du droit international. Leur échec révèle une vérité fondamentale - la "communauté internationale", la "gouvernance mondiale" et le "droit international" relèvent de la pure fiction. Il n'y a qu'une classe dirigeante mondiale qui exerce temporairement son pouvoir et conspire perpétuellement contre l'humanité.
Que faire ?
Si la trahison de lundi nous enseigne bien quelque chose, c'est que le salut ne viendra pas d'en haut. Aucun gouvernement, aucun organisme international, aucune institution mondiale ne nous sauvera des puissances qui détruisent notre monde. Les mêmes intérêts de classe qui ont poussé le Conseil de sécurité à livrer les enfants palestiniens à leurs bourreaux contribuent également à la crise climatique, aux inégalités de richesse qui condamnent des milliards de personnes à la pauvreté et au complexe militaro-industriel qui tire profit des guerres perpétuelles.
L'alternative ne se situe pas entre l'impérialisme américain et le socialisme du Sud, entre le néolibéralisme européen et l'oligarchie russe, mais entre la classe dirigeante mondiale et le reste de l'humanité. Entre ceux qui réduisent les autres à des biens de consommation et ceux qui croient en la dignité inhérente à chaque individu. Entre un système qui récompense les prédateurs avec encore un peu plus de pouvoir, et un monde centré sur la coopération humaine et la solidarité.
La résistance palestinienne se poursuit malgré le désengagement de toutes les grandes puissances de la planète. Leur lutte nous rappelle que la véritable libération ne vient pas des puissants, mais des opprimés ; pas des institutions, mais des luttes collectives ; pas des gouvernements, mais des peuples eux-mêmes.
Chaque enfant assassiné à Gaza, chaque orphelin livré aux assassins de ses parents, chaque crime de déshumanisation approuvé par les Nations unies nous rappellent que ce système est incurable et qu'il est temps de le démanteler.
Traduit par Spirit of Free Speech
Ci-dessus, la jeune Palestinienne Ahed Tamimi harcelée par des soldats de l'armée israélienne. Des dizaines, voire des centaines de milliers d'orphelins palestiniens vont désormais être livrés à leurs agresseurs, alors que l'ONU donne son feu vert aux États-Unis et à Israël pour prendre le contrôle de la population de Gaza.